1-J.D.  Cécile Corbel, bonjour et bienvenue sur infospectacles. Vous êtes compositrice, auteure, musicienne, chanteuse, dessinatrice. Comment devons-nous vous présenter à nos lecteurs ?

 C.C. Bonjour et merci pour l’invitation ! Vous pouvez tout simplement me présenter comme une musicienne, car c’est ce que je suis, même si j’explore plusieurs domaines. La musique est mon point de départ, mais j’adore aussi écrire et dessiner. Pour moi, tout ça forme un ensemble cohérent et me permet de m’exprimer de différentes façons.

2- J.D. Vous venez de sortir le livre-CD, Graal avec Bayard Musique. Comment êtes-vous arrivée sur ce projet, et qu’est-ce qui vous a attirée ?

C.C. Je suis passionnée par les légendes arthuriennes et tout ce qui touche à la quête du Graal.
Pour ce livre-CD, que j’avais en projet et en tête depuis très longtemps, j’ai enfin pris le temps de plonger vraiment dans cet univers pendant plus d’un an.
C’est la première fois que je compose un album thématique.
J’aime l’idée de raconter des histoires à travers la musique, et les légendes arthuriennes offrent un réservoir d’inspiration parfait pour ça.
Bayard Musique m’a ensuite accompagnée pour que ce projet existe sous forme de livre, construit comme un « carnet de voyage » et de croquis, qui accompagne les 12 chansons du disque.

3- J.D. D’où viennent les écrits de cette histoire du Graal ?

C.C. Ils viennent surtout des récits du Moyen Âge, comme ceux de Chrétien de Troyes ou de Robert de Boron, qui ont façonné la légende arthurienne. Elles agrègent aussi des légendes et archétypes païens plus anciens, qu’elles mêlent à la mythologie chrétienne. Ce sont des histoires anciennes, mais elles parlent de thèmes universels qui restent actuels, comme le choix entre le bien et le mal ou le dépassement de soi.
Les légendes arthuriennes sont à la fois des histoires, des aventures, des quêtes mystiques, des contes parfois gothiques voire même romantiques avant l’heure.
Elles sont donc inspirantes je crois à chaque époque et au-delà des frontières.

4- J.D. Qu’entendez-vous par le geste arthurien ?

C.C. C’est tout simplement l’ensemble des récits autour du roi Arthur, de ses chevaliers, et du Graal. Ces histoires parlent de chevalerie, d’aventures et de magie. C’est un monde où les personnages évoluent à travers des épreuves et des quêtes, et où le merveilleux est toujours présent. Ce sont des légendes qui ont traversé les âges.

5- J.D. Est-ce la première fois que vous abordez ce style musical ?

C.C. Pas vraiment. J’ai toujours aimé mélanger des influences celtiques et médiévales dans ma musique, donc ce projet n’est pas un grand saut pour moi. Cependant, avec Graal, j’ai pu approfondir cet univers et y ajouter une touche plus mystérieuse et magique. C’était une belle occasion d’aller plus loin dans ce style, de retrouver aussi les sonorités celtiques et bretonnes que j’avais déjà exploré dans d’anciens albums.

6-J.D. Vous avez coécrit cet album avec Simon Caby, avec qui vous avez déjà collaboré. Avez-vous travaillé de la même manière que d’habitude ?

C.C. Oui, Simon et moi travaillons ensemble sur tous mes projets. Nous avons chacun notre façon de faire, mais nos idées se complètent en studio. Simon a une approche très harmonique, tandis que moi, je me concentre davantage sur les mélodies du chant, les textes et les atmosphères musicales des chansons.

7- J.D. Quelles ont été vos influences pour écrire ces chansons ?

C.C. Mes influences viennent surtout de la musique celtique et médiévale, qui correspondent bien à l’univers arthurien.
J’ai aussi été piocher mon inspiration dans la peinture et les gravures préraphaélites car les légendes arthuriennes ont beaucoup nourri leurs œuvres au XIXème siècle.
J’ai été inspirée par les paysages la nature, et la forêt, les landes et les rivages de mon enfance.
La forêt de Brocéliande en Bretagne sert d’écrin (fantasmé) à une partie de l’imaginaire arthurien, j’ai donc été beaucoup me promener là-bas pour lire, dessiner et m’imprégner de la légende !

8- J.D. À l’écoute de Graal, on a l’impression d’entrer dans un monde suspendu, presque magique.

C.C. C’est exactement ce que je souhaitais ! La légende du Graal est pleine de mystère et de magie, et j’ai voulu que la musique reflète ça.
La harpe celtique a l’étrange pouvoir de créer une ambiance qui transporte l’auditeur dans un autre monde, entre réalité et merveilleux. Je pense mes albums et mes concerts comme des parenthèses un peu hors du temps, des espaces dans lesquels l’auditeur peut s’échapper du monde pour quelques instants, ce qui me paraît intéressant dans le tumulte du monde actuel !

9- J.D. Avez-vous préparé votre voix différemment pour cet album ?

C.C. Non, mais selon les chansons la palette de la voix peut être un peu différente : des voix combattantes et affirmées pour « Le Roi s’en va Chasser » ou une voix plus intime pour conter les malheurs de la belle et ténébreuse Morgane…La voix s’adapte au récit.

10-J.D. Vous avez aussi illustré Graal avec de nombreux dessins. Sont-ils liés aux 12 chansons ?

C.C. Oui, les dessins sont directement inspirés de mes chansons et de mes pérégrinations.
Pour moi, ils sont une extension visuelle de ma modeste « quête » en terres arthuriennes…J’ai pensé le livre comme un carnet de voyage, avec des notes personnelles et des croquis qui accompagnent les chansons.

11- J.D. En vous remerciant, avec lequel personnage arthurien vous sentez vous le plus proche ?

C.C. J’aime beaucoup Perceval et son innocence.
Sa naïveté le protège bien souvent de la dureté du réel et son absence d’avidité le met sur le chemin de la découverte du Graal.
 Il a l’innocence et la pureté d’un enfant mais cela lui donne une certaine force pour se confronter au monde.
C’est un personnage attachant et touchant.