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Dalloway, sortie le 17/09/2025
De Yann Gozlan
Nouveauté Gaumont. Belgique, France.
Tout public, 2025, Durée : 2h00
Synopsis :
Clarissa, romancière en mal d’inspiration, rejoint une résidence d’artistes prestigieuse à la pointe de la technologie. Elle trouve en Dalloway, son assistante virtuelle, un soutien et même une confidente qui l’aide à écrire.
Mais peu à peu, Clarissa éprouve un malaise face au comportement de plus en plus intrusif de son IA, renforcé par les avertissements complotistes d’un autre résident.
Se sentant alors surveillée, Clarissa se lance secrètement dans une enquête pour découvrir les réelles intentions de ses hôtes. Menace réelle ou délire paranoïaque ?
Tiré d’un roman de Tatiana de Rosnay, dans Dalloway , Yann Gozlan s’essaye au thriller d’anticipation avec son nouveau film qui nous projette dans un futur proche, dans une résidence pour artistes.
Ayant lu le roman de Tatiana de Rosnay, Les fleurs de l’ombre (Robert Laffont) de Tatiana de Rosnay, publié en 2020, j’espérais beaucoup de ce film.
Petit problème pour moi, c’est que Yann Gozlan l’a adapté très librement peut-être un peu trop et pour ma part, je n’ai pas retrouvé les suspens, les angoisses finement ciselées dans le roman de Tatiana.
Sans doute l’inconvénient, comme souvent de connaitre le roman qui a inspiré le scénario du film.
Le film a ainsi repris le thème central de l’angoisse, de la paranoïa, tout en ajoutant ses propres idées autour de l’intelligence artificielle et le contexte de la pandémie, ayant découvert l’œuvre en pleine période de Covid-19 et du dérèglement climatique.
Le seul problème à mes yeux c’est que le sujet principal qu’il traite reste l’IA, l’art et l’intelligence artificielle qui prend de plus en plus de place dans la vie de son personnage principale au point de devenir intrusive.
Le sujet très actuel de l’IA aurait été à lui seul suffisent pour dérouler son thriller psychologique. Les autres sujets sont traités très légèrement et finalement n’apportent pas grand-chose à l’histoire.
L’intrigue principale du film, se place dans un centre de résidence luxueux et high-tech, accueillant plusieurs artistes, qui utilisent des technologies avancées pour créer plus vite, plus efficacement et plus régulièrement.
Ceci-dit, Dalloway reste un thriller psychologique plutôt captivant. L’histoire a le potentiel de mêler suspense et introspection, même sile film se perd parfois dans certaines longueurs et un manque de rythme qui m’a empêché de m’y plonger pleinement.
Cécile de France est remarquable dans le rôle de Clarissa, son jeu suffit à rendre son personnage attachant et crédible. Elle est impeccable dans le rôle de cette écrivaine en proie au doute, à l’angoisse qui glisse doucement dans un état assez paranoïaque.
Le choix de la voix de Mylène Farmer, de l’IA, ajoute une touche intrigante et mystérieuse et apporte un petit côté envoûtant dans ses échanges avec l’héroïne.
Cela reste en adéquation dans la tension, l’intrusion progressive de l’IA maison, “Dalloway”, de la résidence, nom choisi et donné par Clarissa à son assistante virtuelle.
Cet assistant virtuel, Dalloway est un personnage à lui seul dans le film au travers de cette voix.
Visuellement, le film est vraiment réussi. La direction artistique est soignée, l’atmosphère high-tech est très bien rendue et un grand nombre de plans sont vraiment beaux.
Les effets spéciaux sont propres, on se prête à y croire, l’univers du film dans son ensemble reste plutôt cohérent et réaliste.
Mais toutes ces qualités esthétiques ne suffisent pas toujours, à compenser un certain manque de rythme, par moments, comme je l’ai précédemment indiqué.
(Sans doute que la lecture du roman de Tatiana de Rosnay reste trop prégnante dans mon esprit !)
Le film n’explore pas assez profondément, à mon goût, un certain nombre de ses thèmes comme le contrôle, la surveillance, la solitude… Il ne les exploite pleinement.
Pour en revenir au jeu des acteurs, Cécile de France est convaincante de bout en bout, crevant l’écran, que par ailleurs… elle ne quitte pas un seul instant dans le film.
Lars Mikkelsen irréprochable ne fait que passer. Frédéric Pierrot joue sobrement mais en finesse sa partition secondaire.
Anna Mouglalis (J’avoue, que je ne connaissais pas.) m’a agréablement surprise… et quelle voix profonde qui sait se montrer tout à la fois caressante comme menaçante.
Bon, il ne faut pas vous méprendre sur ce film, qui certes à quelques défauts mais n’en reste pas moins une bonne intrigue.
Yann Gozlan signe avec Dalloway une histoire qui brouille les frontières entre l’intime et la technologie, entre la création et l’emprise invisible de machines.
Clarissa entre dans cette résidence d’artistes high-tech comme on franchit une promesse : celle d’un lieu d’inspiration et de création mais qui est dévoyé peu à peu par son assistante virtuelle au travers d’une autre voix qui s’impose.
Une voix chaude, douce, parfois presque maternelle : Dalloway, l’IA, qui murmure, conseille, et finalement s’insinue au point de tenter d’exclure Clarissa.
Pour des personnes, qui comme moi, n’utilisent pas encore d’IA générative, cela peut vous faire un peu peur ou plutôt vous faire vous poser un certain nombre de questions, justifiées ou non.
Les utilisateurs experts dans ce domaine, eux vous répondront, sans doute que l’approche est, un petit peu légère, voire un peu superficielle… propos que j’ai pu saisir à la sortie de cette séance.
Il n’empêche que Dalloway raconte plus une inquiétude contemporaine qu’un simple thriller psychologique.
Comment encore créer, lorsque les mots nous sont proposés par une IA et comment écrire quand l’inspiration se confond jour après jour avec la facilité d’une dépendance ?
Pour conclure, car entrer plus dans l’histoire de l’intrigue c’est très difficile sans le divulgâcher (spoiler), je dirai, même si cela ne reste qu’un avis : Que le film pose de vraies questions, tout en se gardant bien d’y répondre.
La morale, tirée du roman, s’intègre subtilement dans ce constat : derrière le décor technologique et les mystères, ce qui compte vraiment, c’est de rester attentif à nos émotions et à nos relations, et de ne jamais perdre de vue notre humanité.
J’ai passé finalement un bon moment et je ne peux que vous conseiller d’aller le visionner, pour vous forger votre propre avis.