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Scott Rider

Interview du 11 août 2023, avec Monsieur Scott Rider, catcheur de haut niveau à la Ligue Nationale…
L’étrangleur Franco-Ecossais des Rings.

Une vie de catcheur mais pas seulement…

  • ISL. :      Bonjour Monsieur Scott Rider et merci de prendre sur votre temps pour nous accorder cette interview pour le magazine infos spectacles & loisirs.
    Au cours de cet entretien nous allons essayer de faire découvrir à nos lecteurs le monde finalement peu connu du catch et surtout une profession qui nous intrigue.
    Ma 1ère question est assez simpliste : Comment devient-on catcheur ?

  • S.R. :      En 1er, merci de votre invitation et pour répondre à cette question qui intrigue en effet un certain nombre de personnes, c’est un peu le hasard de la vie.
    Je ne suis pas né dans une famille de sportifs mais j’aimais le sport et j’en pratiquais beaucoup. Je fréquentais les salles de muscu,
    je pratiquais le rugby je faisais aussi des concours de bras de fer et pas mal de choses autour de la force physique.

Au fil du temps, au hasard de rencontres, j’ai eu l’opportunité de rencontrer des gens du milieu de ce sport !

Enfin un hasard sans vraiment en être un car pas mal de personnes autour de ce domaine s’intéressent aux jeunes qui ont un profil similaire au mien.
C’est par ailleurs en 1er au travers de shows de bras de fer, que j’ai été repéré par des gens, qui eux-mêmes étaient catcheurs.

Cela m’a intéressé et j’ai commencé à faire des premiers entrainements.


Puis comme cela m’a vraiment plu, j’ai continué et perduré dans cet entrainement intensif, jusqu’à pratiquer ce sport depuis maintenant plus de 30 ans.

Ce sport, (sport/spectacle) est beaucoup plus dur que ce que pensent un grand nombre de gens.

C’est avant tout une passion, car sans cette passion on ne peut pas le pratiquer.

Maintenant tout en étant toujours sur le ring, je commence à enseigner, d’essayer de susciter des vocations et je le précise encore,

de transmettre cette passion indispensable, sans laquelle on ne peut pas pratiquer du catch à haut niveau.

  • ISL. :      Pouvez-vous nous dire Monsieur Scott Rider, comment en 2023, est perçu le catch ?

  • S.R. :      Le catch, n’est toujours pas assimilé à une discipline sportive. Il est considéré comme un sport – spectacle.
    Il est pourtant issu d’une combinaison de nombreux arts de combats ainsi que de divers arts martiaux.
    C’est un mélange de tout cela en fait.
    La partie sportive est associé à des personnages, les gimmicks

    *(Personnage, qu’incarne un catcheur dont il tient le rôle sur le ring… mais aussi tout autour de cet univers du spectacle)

    D’où le fait du catch associé à un sport-spectacle…

    Il est apprécié par un large public, aussi bien de femmes et des hommes mais encore des plus jeunes aussi bien que des anciens.
    Des combats de catch leur génèreront des souvenirs et aussi des anecdotes qu’ils échangerons pendant de nombreuses années.

  • ISL. :      Mais vous avez un statut de professionnel, monsieur Scott Rider, non ?

  • S.R. :      En fait, c’est plus complexe que cela ! Je suis considéré comme un catcheur de haut niveau car il n’existe pas de professionnels
    Reconnus en France et en Europe, comme dans la plus grande partie du Monde.

  • ISL. :      Est-ce l’une des raisons pour le désigner comme sport-spectacle ?

  • S.R. :      En fait ce côté spectacle, comme je l’ai dit plus haut (Les gimmicks !) vient du fait que l’on incarne des personnages qui ont un fort charisme…
    et chaque catcheur ou catcheuse à le sien.

    En y ajoutant des entrées un peu spectaculaires, des musiques, des lumières sans oublier les costumes de chacun, qui incarne
    et renforce notre personnage et contribue, presque en 1er à ce côté spectacle.
    Bien sûr il ne faut pas oublier les combats en eux même, avec des techniques spectaculaires et leurs lots d’acrobaties.
    C’est le mélange de tout cela qui définit ce sport, comme sport spectacle.
  • ISL.        En parlant de costume, pourquoi avoir fait le choix de cette tenue de « gimmick » pour représenter votre personnage ?

  • S.R. :      En premier lieu j’ai des souches Ecossaises et je désirais porter des tenues emblématiques de l’Ecosse.
    J’ai donc choisi les kilts… mais des kilts adaptés pour les combats.

C’est ce qui a créé mon personnage de Scott Rider et me fait reconnaître par le public au travers de mes tenues et renforce le charisme que je dégage !
Parfois je me permets quelques fantaisies capillaires colorées au travers de mèches.

En parlant de mes tenues, j’ai une anecdote à vous raconter.


Dans les années 86/88, dans cette période, j’ai essayé de contacter le créateur de mode, Jean Paul Gauthier afin de réaliser des collections avec lui.
« C’était dans son univers et dans sa fantaisie ! » Mais je n’ai jamais réussi à le joindre personnellement.
J’ai semble-t-il toujours eu des barrages dans son entourage et je ne suis pas sûr qu’il ait eu vent de mon projet.

Je voulais lui proposer d’habiller des catcheurs (Hommes et Femmes) dans ce que j’appelai… le Street-Catch.
Donc des tenues pas seulement pour le catch mais aussi pour la vie courante.

J’aurais aimé que l’organisation de défilés puissent être réalisés non pas par des mannequins professionnels,
mais par des catcheurs et des catcheuses aussi pour l’univers féminin dans leurs diversités.
Le concept aurait pu fonctionner mais sans réussir à voir les bons contacts,
J’ai fini par laisser tomber l’affaire avec… quand même, 
le seul regret de ne pas avoir eu l’occasion de l’exposer directement à monsieur Jean-Paul Gauthier.

Mais je pense toujours avoir de bonnes idées, notamment avec les médias.

J’essaye de reprendre contact avec C8 pour leur proposer un concept, un genre de jeu, un peu sur le principe,
pour vous l’illustrer… comme le concept de la danse mais là dans l’univers du catch.
J’ai pas mal d’idées et surtout c’est une production qui pourrait être envisagé sans un gros budget
et surtout qui pourrait intéresser un public nombreux et assez large au niveau des tranches d’âges.
Pour l’instant je n’en suis qu’au début de la prise de contacts avec les décideurs donc nous sommes toujours dans une phase de projet.

  • ISL :       Oui, je vous comprends, monsieur Rider, nous sommes dans une période compliquée ou la prise de risque est sans doute encore plus étudiée. Mais vous allez quand même essayer de le concrétiser ?

  • S.R. :      Oui en effet, actuellement nous sommes dans une période où l’on parle en 1er d’études de marchés, de business-plan, de calcul d’audimat… etc. Mais comment calculer quelque chose qui n’a jamais encore été créé ? L’intérêt du public comment le calculer ? Au travers de sondages ?
    En fait il faut que je réussie à trouver un programmateur, non pas qui ait un brin de folie mais de l’enthousiasme et un petit sens du décalage (Respectueux)
    pour lancer un tel type de projet et comme je vous l’ai dit, il n’y a pas besoin d’un budget très important pour le réaliser.

    Mais je n’y renonce pas du tout et dès le mois de septembre je vais y retravailler sur ce projet pour encore le peaufiner
    et ensuite d’aller démarcher les producteurs… au culot.
  • ISL. :      Et bien je vous souhaite la réussite dans ce concept, qui ma fois me semble très intéressant.
    Mais tout à l’heure, monsieur Scott Rider, j’ai oublié, dans ma question de vous demander !… Mais pourquoi, en dehors de la tenue, le nom de combat de Scott Rider ?

  • S.R. :      Oui bien sûr, et comme précédemment dit, je suis issu d’une souche Franco-Ecossaise.
    De plus j’ai longtemps été un biker qui a effectué de nombreuses virées en bande mais aussi en solitaire, pour le plaisir de rouler !
    Comme Lucky Luke, mais sans le cheval, donc le Lonesome cowboy aurait été plutôt le Lonesome Rider…

    * (A l’origine, Rider était un mot Anglais pour désigner un cavalier faisant de longues chevauchées !)

    Biker/Rider avait un sens donc… mais aussi pour les médias qui avaient un faible pour les anglicismes.
    Comme Lonesome Rider était un peu difficile à retenir.
    J’ai donc eu l’idée de Scott Rider qui me collait bien à la peau et c’est ainsi que je suis né pour la seconde fois.

  • ISL. :      Peut-être encore plus depuis quelques années car le mot Rider est utilisé dans les sports extrêmes.
    Le catch pourrait-peut-être en faire partie ?

  • S.R. :      Pour le sport extrême ce n’est pas aussi faux que cela !

Un certain nombre de personnes pensent que tout est du spectacle alors qu’en fait c’est une pratique de sport extrêmement exigeante
ou la souffrance du corps est présente, même si nos la dissimulons dans la majorité des cas.
Je vous donne un exemple :
Contrairement à la boxe, les cordes du ring… sont en fait 3 câbles en acier, très difficiles à bien maîtriser

et sans cette maîtrise, on peut se faire très mal !…
En fait c’est un sport très ingrat car très dur et exigeant.

Il faut en 1er acquérir tout le coté assouplissement, le tonique musculaire et sportif avec les techniques,
avant de songer à faire des acrobaties,
puis d’affiner le coté charismatique et le spectacle.
Ce sont des heures d’entrainement et souvent de souffrance physique pour acquérir et adapter plusieurs techniques de combats.

Le plus difficile à acquérir ce sont les techniques de chutes car, contrairement au judo,
par exemple, les chutes se font en enroulée.
Dans le catch nous faisons des chutes à plat… avec un impact au sol qui est très dur et très violent.
Souvent on se fait mal mais on accepte la douleur.

Du fait d’un surentrainement il y a une plus grande adaptabilité et acceptabilité aussi à cette douleur
et contrairement à ce que certaines personnes pensent… (Vous ne vous faites pas mal, c’est du spectacle… etc.)
on se fait vraiment mal mais on l’accepte car cela fait partie du métier.

Idem quand vous prenez un coup, on a mal mais on apprend à les réceptionner, les encaisser… etc.
On apprend à surmonter ce mal.
En fait on apprend les mouvements techniques seul, à donner des coups mais aussi à les encaisser !
Souvent on fait les 2 à la fois.

Puis en combat les coups sont vraiment portés contrairement aux idées préconçues.
Mais avec l’entrainement on accompagne les coups en réception.
C’est la technique du roseau dans les arts martiaux.
J’ai eu de très nombreuses blessures dans mon parcourt jusqu’à ce jour.

Le vrai catch ne se pratique pas n’importe comment, ni n’importe où et ni dans n’importe que condition.
Même si l’environnement du catch doit rester un sport-spectacle pour le public,
car celui-ci n’a pas besoin de comprendre les techniques pour participer au spectacle des combats.
Il va prendre partie pour l’un ou l’autre des combattants mais avant tout, pour lui cela doit rester visuel.


C’est un peu pour cela qu’en France, nous ne sommes pas reconnus comme un sport et on ne garde que le coté spectacle.

  • ISL. :      Mais monsieur Scott Rider n’est-ce pas la 1ère raison s’il y a autant d’idées préconçues sur le catch ?

  • S.R. :      Oui, sans doute le fait de ne garder que le coté spectacle est l’une des causes de ne pas être un sport reconnu à part entière,
    en France mais aussi dans le monde entier, exception faite des USA ou ils ont reconnu le catch.
    Ils l’appellent « Wrestling Pro »

    Du verbe « To Wrestle » qui signifie lutter.

    Le mot pro signifie lutte de catcyen en quelque sorte.

    D’ailleurs un très beau film en a fait son sujet : « The Wrestler« 

  • ISL. :      Une autre question complémentaire ! Existe-t-il des catégories ?

  • S.R. :      Avant ? oui il y en avait comme dans la boxe, des catégories par poids.

    Mais maintenant que les combats, les compétitions sont organisées au milieu d’un show,
    c’est beaucoup plus du hors catégorie.

    C’est bien sur le papier, les annonce mais comme on a tous envie de gagner, visuellement pour le public c’est un peu moins bien,
    puisqu’on favorise en 1er la technique.
    On fait beaucoup moins de show sur le ring c’est certain.
    C’est pour cela que plus les années passent…
    et plus le Show s’organise autour du ring, pour l’ambiance et le public présent.

  • ISL. :      En parlant de show abordons quelques instants le catch mixte, Monsieur Scott Rider, si vous le voulez-bien.

  • S.R. :      Oui sans soucis ! Ce sont des combats plutôt très appréciés par le public.
    C’est sans doute le seul sport de combat qui mixte les femmes et les hommes.

    Et attention nous avons des filles qui sont plus capables qu’un certain nombre de nos gars.
    Elles n’ont rien à leur envier, pour celles qui sont de haut niveau !… Et elles se font autant de mal que les hommes.
    La souffrance physique dans ce sport reste la même.

    Mais jusqu’à quand le double mixte va-t-il exister ?
    Certains mouvements ne vont-ils pas vouloir nous en priver ?
    On va tellement loin à notre époque dans beaucoup de domaines.

    Pour le moment nous avons le droit de conserver ces spectacles mixtes,
    avec des filles comme je l’ai dit, d’un haut niveau et très compétitives.

  • ISL. :      Et pour conclure que fait Scott Rider de sa vie en dehors du ring ?
    (Même si nous en avons eu un avant-goût au début de cet entretien !)
  • S.R. :      Avec plus de 30 ans de combats derrière moi et même si je suis toujours sur le ring,
    depuis un certain nombre d’années, des sociétés de productions, des médias m’appellent pour participer à des émissions.
    Mon charisme, mon naturel et peut-être un peu mon personnage légèrement décalé semble séduire des producteurs,
    des animateurs et des animatrices.

    J’ai ainsi fait plusieurs apparitions dans des émissions comme TPMP, dans c’est mon choix, le Maillon Faible,
    ou encore dans un dîner presque parfait… etc.
    Mais aussi des apparitions en tant que comédiens dans des seconds rôles comme dans Danny The Dog, H, l’Extraterrestre…etc.

    Pour moi, n’étant pas dans ces métiers, je fais tout sérieusement et je me prépare à chaque fois.
    Toutes ces expériences sont pour moi, des challenges, des défis personnels que je veux relever,
    toujours avec ce sens du professionnalisme.

    En plus ce que nous avons déjà évoqué est un projet qui me tient vraiment à cœur
    et j’aimerais bien qu’il se concrétise.
    Je vais, comme je vous l’ai dit m’y mettre sérieusement dès la rentrée septembre de cette année,
    pour trouver une production pour ce jeu télévisé.

  • ISL. :      Merci beaucoup, Monsieur Scott Rider pour cette interview qui nous a fait découvrir un personnage,
    une personne avec en effet beaucoup de charisme et de naturel, mais encore plus, de l’empathie, et de la sincérité.

    On ne peut que vous souhaiter bonne chance pour la réalisation de votre projet et au plaisir,
    bien sûr, de vous retrouver sur un ring dans le costume de combat de Scott Rider.

    J’avoue, pour ma part pouvoir dire avoir passé un agréable moment au cours de long entretien, passionnant.

  • S.R. :      A mon tour de vous remercier pour cette interview.

Encore un grand merci à Mr. Scott Rider.

Rédaction par Dominique Henry pour le magazine Infos Spectacles & Loisirs

Le 14 août 2023.

Photos :

Dominique Henry 

Henri Goltrant
Paris Match